Accueil / Gros Plan / Alcool / Conséquences psychiques de l’alcool

Conséquences psychiques de l’alcool

L'alcool pris pour ses effets euphorisants et stimulants devient sur le long terme, en consommation chronique, l'agent inducteur d'un état dépressif.

Par le Dr Didier Mennecier

Alcool et dépression

L’alcool pris pour ses effets euphorisants et stimulants devient sur le long terme, en consommation chronique, l’agent inducteur d’un état dépressif.

Dans 80 % des cas, l’arrêt total d’alcool est le seul “ traitement  » de cet “ état dépressif « . Cette notion fondamentale peu ou mal connue est à l’origine de bien des erreurs diagnostiques et thérapeutiques dont la résultante demeure la souffrance du patient

Lorsque l’état dépressif est à l’origine des conduites d’alcoolisation, les symptômes persistent malgré le sevrage et nécessitent la mise en place d’une double prise en charge, celle de l’état dépressif avec prescription éventuelle d’un antidépresseur sans négliger pour autant l’accompagnement alcoologique.

Une évaluation régulière de l’état dépressif réalisé au moyen d’échelles d’évaluation de l’humeur, permet l’implication plus directe du patient dans un processus dont il a bien souvent perdu la maîtrise. Chacun des items pourra être l’objet d’un échange et d’une réflexion sur la gestion des affects ou des situations avec ou sans alcool.

Alcool et troubles anxieux

Chacun d’entre nous a été acteur ou témoin du remarquable effet anxiolytique de l’alcool, lorsqu’il est consommé occasionnellement. D’occasionnelles, les prises d’alcool peuvent devenir plus régulières notamment dans les situations de gestion du quotidien. Il s’ensuit une consommation chronique d’alcool qui induit un trouble anxieux appelé parfois anxiété généralisée qui cherchera bien sûr son apaisement dans l’alcool.

Dans 80 % des cas, c’est la prise d’alcool qui induit le trouble anxieux dont le traitement sera tout “ naturellement  » l’arrêt d’alcool.

Par contre dans les 20 % de cas restants, les troubles anxieux précèdent et sont responsables des conduites d’alcoolisations. Ils ne régressent pas au sevrage. Il s’agit essentiellement ce que l’on nomme la phobie sociale c’est-à-dire la peur du regard des autres, la peur d’être jugé par les autres de façon péjorative. Elle se caractérise par exemple par la peur de demander des congés à son patron, la peur de demander une autorisation de découvert à son banquier, la peur de se rendre à un mariage… Au début l’alcool aide à réaliser ces actions et peu à peu, une fois de plus, il referme ses “ griffes ” sur la personne en la conduisant à une répétition des prises pour des situations de moins en moins stressantes, soit une dépendance qui génère à son tour anxiété et dépression.

L’approche des thérapies cognitivo-comportementales est dans ce cas particulièrement adaptée puisqu’elle aidera le patient à gérer sans l’apport de l’alcool les situations sociales génératrices d’anxiété, mais également les situations ou le refus d’alcool (savoir dire non) fait l’objet d’un apprentissage spécifique.

La consommation d’alcool vient aussi souvent compliquer d’autres troubles psychologiques tels que les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et de syndromes de stress post-traumatique (PTSD).

Alcool et troubles cognitifs

La consommation chronique d’alcool génère tout un ensemble de troubles cognitifs qui vont en s’accentuant avec le temps : troubles de la mémoire à court terme, troubles de la concentration, mais surtout troubles du raisonnement qui diminuent les capacités à évaluer les situations, à s’auto-critiquer.


Références :

  • ADES J., LEJOYEUX M. Alcoolisme et Psychiatrie. Données actuelles et perspectives. Editions Masson 1997, 2003.

Aller au contenu principal