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Atteintes dans la Rectocolite Hémorragique

La RCH touche exclusivement le rectum et le côlon en débutant toujours d’abord par le rectum puis remontant vers le côlon.

Par le Dr Didier Mennecier

Quels sont les différents types d’atteintes digestives dans la RCH ?

La RCH touche exclusivement le rectum et le côlon et entraîne des saignements d’où son nom de Rectocolite hémorragique.
La RCH débute toujours d’abord par le rectum puis « remonte » vers le côlon droit, elle a donc la particularité de s’étendre de façon « rétrograde » c’est à dire du rectum au coecum.

C’est pourquoi, au moment du diagnostic endoscopique, le rectum est pratiquement toujours atteint, le côlon gauche dans 2 tiers des cas et le côlon droit dans un tiers à la moitié des cas. L’étendue des lésions existe parfois d’emblée ou évolue progressivement au fur et à mesure des poussées.

On parle de rectite, rectocolite ou pancolite selon l’étendue des lésions (Figure n°1).

Une atteinte pancolique, sans intervalle de muqueuse saine, est observée dès la première coloscopie chez un petit tiers des patients, mais après 20 ans d’évolution touche près d’un patient sur 2. Le rectum est la première partie atteinte et la dernière à s’améliorer.

Figure n°1 : Localisation et terminologies des atteintes digestives de la RCH

En cas de poussée, les lésions sont d’abord superficielles, localisées à la muqueuse qui devient érythémateuse, dépolie, granitée, de façon continue et homogène, sans intervalle de muqueuse saine. Puis au sein de cette muqueuse malade peuvent apparaître des ulcérations plus ou moins larges et qui vont éventuellement devenir creusantes (Figure n°2)

Figure n°2 : Atteintes digestives de la RCH

Entre les poussées, la muqueuse reprend un aspect subnormal, souvent marqué par la visualisation anormale du liseré vasculaire sous-muqueux et il peut persister une fragilité avec un saignement au contact.

Nous pouvons observer des images d’endoscopies digestives qui montrent un aspect typique de RCH avec une atteinte dite « granitée » continue, sans intervalle de muqueuse saine et saignant au contact. Les formes graves entraînent une atteinte plus en profondeur avec des ulcérations creusantes et un aspect d’une muqueuse « boursouflée ».

Figure n°3 : Atteintes endoscopiques de la RCH

A noter qu’en cas d’atteinte pancolique, l’iléon est souvent inflammatoire voire ulcéré au niveau de ses derniers centimètres (iléite « de reflux »). Il est inhabituel, mais possible, qu’au cours de l’évolution un segment lésé redevienne macroscopiquement et histologiquement normal, faisant ainsi reculer le niveau proximal des lésions.

Quelles sont les atteintes non digestives associées à la RCH ?

Les manifestations articulaires

Ce sont les manifestations extra-digestives les plus fréquentes. 25 à 30 % des patients porteurs de MICI souffrent de manifestations ostéo-articulaires. On distingue les atteintes périphériques (les membres) et axiales (le tronc).

Les atteintes périphériques sont les manifestations les plus fréquentes et affectent 20 % des patients. Toutes les articulations peuvent être touchées, mais le plus souvent ce sont les genoux, les chevilles, les poignets, les coudes ou les articulations métacarpo-phalangiennes (doigts).

Ces symptômes articulaires peuvent précéder les manifestations digestives chez environ 20 % des patients, être concomitants dans 35 % des cas et apparaître après les signes digestifs chez 50 % des patients. Après un premier épisode articulaire, la récidive survient dans plus de 50 % des cas.

Le traitement est avant tout celui des manifestations intestinales puisqu’elles évoluent parallèlement.
On distingue ainsi les arthrites pauci-articulaires (touchant moins de 5 articulations), qui évoluent parallèlement aux manifestations digestives et les arthrites polyarticulaires (touchant au moins 5 articulations) dont l’évolution n’est pas parallèle aux manifestations digestives.

Les atteintes axiales regroupent la sacro-iliite et la spondylarthrite :

La sacro-iliite est caractérisée par une inflammation des articulations sacro-iliaques, parfois bilatérale mais volontiers unilatérale. Elle touche plus la femme que l’homme et se traduit par des douleurs lombaires basses associées à une raideur matinale qui s’améliore après une période de déverrouillage.

La spondylarthrite ankylosante est plus fréquente en revanche chez l’homme. Elle se manifeste par des douleurs du rachis survenant essentiellement le matin accompagnées d’une raideur.

Il existe aussi des douleurs au niveau des insertions des tendons.

Les atteintes dermatologiques

L’érythème noueux est la manifestation cutanée la plus fréquente décrite dans 6 à 15 % des cas, qui réalise une éruption douloureuse, bilatérale, faite de papules surélevées, de nodules érythémato-violacés, fermes et mobiles par rapport aux plans profonds, de quelques millimètres de diamètre à plusieurs centimètres, prédominant sur les faces d’extension des bras et des jambes.

La prévalence de l’aphtose buccale est de l’ordre de 20 %. Il s’agit le plus fréquemment d’aphtes communs évoluant par poussées de 1 à 5 éléments, disparaissant en 1 à 2 semaines, sans laisser de trace. Ils siègent sur les lèvres, la face inférieure de la langue, les joues, le plancher de la bouche.

Le pyoderma gangrenosum s’observe chez 2 à 5 % des MICI avec atteinte colique et à une fréquence trois fois supérieure dans la RCH que dans la maladie de Crohn, il siège le plus souvent au niveau des membres inférieurs, favorisé par un traumatisme. Il débute par une pustule qui s’étend pour constituer ensuite une profonde ulcération entourée d’un bourrelet violacé (Figure n°3).

Figure n°3 : Pyoderma gangrenosum
(Source GastroHep.com)

Les manifestations ophtalmologiques

Les manifestations ophtalmologiques au cours des MICI surviennent dans 4 et 10% des cas mais plus rarement au cours de la RCH et plus fréquemment chez la femme que chez l’homme.
Les manifestations oculaires sont le plus souvent une uvéite plus rarement une atteinte de la cornée. Nous ne parlerons pas des atteintes plus rares.

Figure n°4 : Uvéite dans la maladie de Crohn
(Source Sauge Gériatrica)

L’uvéite est une inflammation qui touche la partie antérieure de l’oeil : l’iris (Figure n°4). Elle est souvent bilatérale. Elle peut être asymptomatique ou se manifester par une simple gêne oculaire voire une vive douleur, une rougeur oculaire, une photophobie, un larmoiement. Elle est affirmée par l’examen à la lampe à fente montrant la présence de cellules et de particules inflammatoires flottant dans l’humeur aqueuse.

Les atteintes de la cornée sont rares. Elles se traduisent par une douleur oculaire, une irritation, une sensation de corps étranger parfois associées à une baisse de l’acuité visuelle. Le pronostic de ces lésions dépend en fait du contrôle de la maladie.

Les atteintes biliaires

On estime que la prévalence de la Cholangite Sclérosante Primitive (CSP) est d’environ 5 % dans la RCH lorsque la colite dépasse l’angle gauche et de seulement 0.5% en cas de colite distale.

Sur un plan pratique, une coloscopie avec biopsies doit être réalisée systématiquement dans le bilan d’une CSP en raison du caractère possiblement asymptomatique de la colite. La RCH est diagnostiquée avant la CSP dans plus de 2/3 des cas mais la séquence inverse est possible. Il n’y a pas de corrélation entre la sévérité de la RCH et la sévérité de la CSP.


Références :

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