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Marqueurs biologiques et alcool

Les marqueurs biologiques utilisés dans le dépistage et le suivi d’une alcoolisation chronique sont nombreux.

Par le Dr Didier Mennecier

Les marqueurs biologiques utilisés dans le dépistage et le suivi d’une alcoolisation chronique.

Des examens biologiques peuvent être le témoin de la souffrance des organes par une alcoolisation excessive et régulière d’alcool. Même si, dans 70 à 80 % des cas, l’hypothèse alcool est au premier plan, aucun de ces examens n’est spécifique de l’alcool et il existe de nombreux « faux positifs ».

Ces examens biologiques peuvent être perturbés pour des consommations quotidiennes régulières d’alcool supérieures à 3 verres standard par jour chez les hommes et 2 chez les femmes. Un lien entre les perturbations biologiques et la consommation d’alcool peut être fait si elles se normalisent après arrêt prolongé de toute consommation. Ils peuvent être utiles dans le suivi du sevrage pour s’assurer du retour à la normale, rassurant alors le malade sur le retour à une meilleur santé. En aucun cas ils ne peuvent être utilisés isolément pour dépister une dépendance alcoolique.

La Gamma Glutamyl Transferase (G.G.T.)

Enzyme membranaire présent dans de nombreux organes : rein, foie, pancréas.

La gamma G.T. plasmatique est d’origine hépatique. Les taux normaux sont de : 4 à 18 UI/l chez la femme et 6 à 28 UI/l chez l’homme.

Une consommation régulière d’alcool, au-dessus de ce que l’organisme peut tolérer (voir ci-dessus), peut entraîner une augmentation de la gamma G.T. A l’arrêt de la consommation d’alcool, la diminution de la gamma G.T. est en moyenne de 50 % tous les 10 à 15 jours. Seule cette décroissance au sevrage confirme que l’alcool est bien le seul responsable de son augmentation.

Le Volume Globulaire Moyen (V.G.M.)

Les valeurs normales du volume moyen des globules rouges (hématies ou érythrocytes) vont de 86 à 90 u3.

Une consommation excessive et prolongée d’alcool entraîne une augmentation du Volume Globulaire Moyen (supérieur à 98 u3).

Après arrêt de la consommation, le retour à la normale nécessite plus de 3 mois du fait de la durée de vie des globules rouges (120 jours).

Les transaminases

Ce sont des enzymes : ASAT (ou SGOT) et ALAT (ou SGPT) traduisant une souffrance des cellules hépatiques mais aussi du muscle cardiaque. Les normales sont < à 19 UI/l.

En cas de souffrance d’origine hépatique, leur augmentation porte essentiellement sur les ASAT.

Alcool, hépatites, médicaments peuvent augmenter les transaminases. Comme pour la gamma G.T., le test de sevrage d’alcool permet d’objectiver l’implication de l’alcool dans leur perturbation.

Les triglycérides

Ce sont des variétés des lipides fabriquées par notre organisme à partir des sucres et de l’alcool.

Taux normaux : de 0,50 g/l à 1,50 g/l. Leur taux fait souvent partie d’un bilan systématique et la découverte d’une hypertriglycéridémie peut orienter le médecin vers un diagnostic de consommation d’alcool excessive et régulière, en dehors d’une alcoolisation aiguë des jours précédents.

Ce marqueur biologique n’est pas un bon indicateur car il peut augmenter fortement en cas d’alcoolisation aiguë (et se normaliser rapidement).

L’uricémie

Le dosage de l’acide urique est aussi un examen fréquemment demandé dans les bilans systématiques. Une hyperuricémie peut aussi orienter le diagnostic vers une consommation d’alcool excessive et chronique. C’est la première cause de crises de goutte.

Examen plus spécifique : La C.D.T. (Carbohydrate Deficient Transferin)

Le dosage de la C.D.T. est proposé comme examen de repérage de l’alcoolisation.
La C.D.T. reflète la consommation d’alcool des 2 dernières semaines.
La spécificité est de l’ordre de 85-90 %. C’est un bon témoin de la consommation d’alcool.

Son dosage est utilisé essentiellement pour le suivi d’une démarche d’abstinence et dans le cadre des injonctions de soin par des commissions paritaires de permis de conduire.

La C.D.T., de par ses caractéristiques, permet à la fois le diagnostic précoce et la prévention des problèmes d’alcool, le suivi des sevrages et du maintien de l’abstinence.

Aucun de ces examens n’est spécifique de l’alcool.

Associés, ils ont une forte valeur d’orientation.

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