Qu’elle est la fréquence de la maladie de Crohn dans le monde ?
L’épidémiologie permet de localiser les cas selon l’âge et la répartition géographique et permet d’évoquer une cause à cette maladie. En effet nous verrons dans le chapitre de la physiopathologie que nous ne connaissons malheureusement pas l’origine de cette maladie mais que nous pensons qu’il existe une prédisposition génétique. Cette prédisposition génétique va favoriser par l’action de facteurs extérieurs environnementaux, une sur-activation du système immunitaire intestinal qui va entraîner les lésions inflammatoires qui font la maladie.
Quelle est la fréquence de la maladie de Crohn en Europe ?
L’incidence (nombre de nouveaux cas par an pour 100 000 habitants) de la maladie de Crohn en Europe est très variable selon les études. Elle se situe entre 0,7 et 9,8 nouveaux cas par an pour 100 000 habitants. Par extrapolation, il y aurait 2800 à 39200 nouveaux cas de MC par an.
La prévalence (nombre total de cas pour 100 000 habitants pendant une période donnée) en Europe varie aussi beaucoup de 8,3 à 214 pour 100 000 habitants. Par extrapolation, il devrait y avoir 850 000 personnes atteintes de maladie de Crohn en Europe (Figure n°1).
(Source EPIMAD)
Un gradient Nord/Sud existe pour la maladie de Crohn avec des régions à plus forte incidence qui sont le Royaume Uni, les Pays-Bas et la Somme alors que les régions qui ont les plus faibles incidences sont situées en Grèce. Globalement il y a 80% de maladie de Crohn en plus suivi dans les hôpitaux du nord de l’Europe que dans ceux du sud. Une évolution dans le temps a été constaté avec une incidence qui a augmenté spectaculairement en Europe dans les années 50 jusqu’au années 80 pour se stabiliser ensuite en plateau. Mais dans certaines régions (Danemark) l’incidence de maladie de Crohn a été multipliée par 2,5 entre 1978 et 2002 sans qu’une cause soit retrouvée formellement.
Fréquence de la maladie de Crohn en France
La France, par rapport aux autres pays européens, présente une incidence élevée de la maladie de Crohn (8,2 pour 100.000 habitants). Un gradient Nord-Sud existe avec une incidence plus élevée dans le tiers nord comme nous pouvons le voir (Figure n°2). Cette carte montre le Risque Relatif (RR), c’est à dire le risque d’avoir une maladie de Crohn par rapport à la localisation géographique. Ce risque est supérieur à 1 dans le nord de la France.
(Source EPIMAD)
De 1988 à 1999, l’incidence de la maladie de Crohn a augmenté de 5,2 à 6,4, soit une augmentation de 27% dans le Nord-ouest. Cette augmentation a été particulièrement forte dans la tranche d’âge 20-29 ans. Par extrapolation on peut estimer la prévalence de la maladie de Crohn à 100 pour 100 000 habitants et de 60 000 le nombre de personnes atteintes en France. Si l’augmentation de l’incidence de la maladie de crohn se poursuit au rythme actuel, elle pourrait atteindre 8/10000 habitants en 2011 avec une prévalence de 80 000 malades.
Fréquence de la maladie de Crohn en Amérique du nord
Les incidences varient pour la maladie de Crohn de 3,9 à 15,6 pour 100000 habitants avec par extrapolation 9000 à 44000 nouveaux cas de maladie de Crohn par an en Amérique du Nord. La prévalence de maladie de Crohn oriente vers un nombre de 600 000 personnes atteintes de maladie de Crohn (Figure n°3).
(Source ONU)
Le gradient Nord-Sud est aussi retrouvé avec des incidences plus élevées dans les états au Nord de l’Amérique du Nord et dans le centre du Canada. On note une évolution dans le temps avec une incidence qui a augmenté entre la fin des années 50 et le début des années 70, puis qui s’est stabilisée autour de 7 cas pour 100 000 habitants.
Fréquence de la maladie de Crohn en Asie et Océanie
Les études faites en Asie du Sud-Est ont confirmé l’émergence des MICI, mais le recueillement des informations reste à confirmer. L’incidence et la prévalence de la maladie de Crohn en Asie du Sud Est reste basse comparée à celle observée dans les pays de l’Ouest mais ont augmenté (Japon, Singapour, Corée du Sud). L’incidence de la maladie de Crohn semble être parmi la plus élevée au monde dans la population blanche du Comté de Canterbury en Nouvelle Zélande.
Il est intéressant de noter que l’apparition des maladies inflammatoires de l’Intestin suit le niveau de développement du pays. Ainsi plus le pays « s’occidentalise » et donc change de mode de vie et d’environnement, la Recto Colique Hémorragique (RCH) apparaît puis avec le temps, la maladie de Crohn émerge à son tour pour finalement rejoindre l’incidence de la RCH.
Références :
- GENDRE JP, MODIGLIANI R. 2005. Maladie de Crohn. Traité de Gastroentérologie. Flammarion, Paris. In : JC Rambaud : pp 625-64. (les pages 625-627 traitent de l’épidémiologie).
- SANDLER RS, EISEN GM. 2000. Epidemiology of Inflammatory Bowel Disease. Inflammatory Bowel Disease. Saunders Company. In: JB Kirsner : pp 89-112.
- SHIVANANDA S, LENNARD-JONES J, LOGAN R, FEAR N, PRICE A, CARPENTER L et al. 1996. Incidence of inflammatory bowel disease across Europe: Is there a difference between north and south? Results of the European Collaborative Study on Inflammatory Bowel Disease (EC–IBD). Gut; 39:690-97.
- VERNIER G, CORTOT A, GOWER-ROUSSEAU C, SALOMEZ JL, COLOMBEL JF. 2005. Epidémiologie et facteurs de risque au cours des MICI. Revue du Praticien ; 55:949- 61.
- NERICH V, MONNET E, ETIENNE A, LOUAFI S, RAMEE C, RICAN S et al. 2006. Geographical variations of inflammatory bowel disease in France : a study based on national health insurance data. Inflamm Bowel Dis; 12 : 218-26.
