L’hépatite virale C est une maladie relativement fréquente dans le monde. On estime qu’environ 130 à 210.000.000 d’individus, soit 3% de la population mondiale, ont une infection chronique par le virus de l’hépatite C et que 3 à 4 millions de personnes sont nouvellement infectées chaque année.
A l’échelle mondiale
On considère que le virus C est responsable d’environ 20 % des cas d’hépatites aiguës et de 70 % des cas d’hépatites chroniques. L’hépatite chronique C est une cause majeure de cirrhose et de cancer primitif du foie (carcinome hépato-cellulaire).
L’évolution silencieuse de la maladie et la fréquence élevée de passage à la chronicité expliquent l’existence d’un grand réservoir de sujets infectés.
La prévalence varie considérablement d’un zone géographique à l’autre et à l’intérieur de la population évalués (Figure n°1).
En Amérique, la séroprévalence est de 4,4 % au Nord et de 1,4 % aux USA. L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale paraissent être des zones de haute endémicité avec une séroprévalence supérieure à 9 %. L’Afrique du Sud est relativement épargnée. Au nord du continent, la séroprévalence est modérée dans le Maghreb, plus élevée en Libye.
L’Égypte a la plus forte prévalence dans le monde entier, avec 9% du pays et jusqu’à 50% dans certaines zones rurales, en raison d’un mode spécifique d’infection.
L’histoire de l’hépatite C en Égypte est liée aux campagnes nationales de lutte contre la schistosomiase : du début des années 60 jusqu’au milieu des années 80, prés de 7 millions d’égyptiens vivant dans les régions du Delta du Nil et de la Haute Égypte ont été traités par injection intraveineuse de sels d’antimoines avec du matériel à usage multiple. Une proportion très importante des enfants a été infectée par le VHC, virus non identifié à cette époque. Ce traitement a causé une première vague de contamination massive facilitant la dissémination de l’épidémie dans le reste de la population.
En Europe, la proportion de sujets atteints varie en fonction des pays, avec un gradient Nord-Sud. De 0,3% dans les pays d’Europe du nord à 3% en Italie.
Dans l’Ouest de l’Europe, la prévalence du VHC varie de 0,4% à 3%. Il est plus élevé dans l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient, où les chiffres ne sont pas connue avec précision. Les régions de faible endémicité où moins de 1 % de la population générale a une infection chronique sont représentées essentiellement par l’Amérique du Nord, l’Autralie et le Japon.
En France
En France, on estime que 550.000 à 600.000 personnes sont porteuses de ce virus, soit 1 à 1,2% de la population et 90% des sujets contaminés n’ont aucun symptôme.
La France est un pays de faible endémicité pour l’infection chronique par les virus de l’hépatite C, avec des prévalences inférieures à 1% estimées en 2004 en population générale.
Cependant, la prévalence est toujours très élevée dans des populations très exposées au risque d’infection par le virus de l’hépatite C, comme chez les usagers de drogues (44%).
Cette infection représente un réel problème de santé publique en France du fait de sa morbidité (risque d’évolution vers la cirrhose et/ou le carcinome hépatocellulaire) et de la mortalité annuelle qui lui est associée, estimée en 2001 à plus de 3 600 décès pour le virus de l’hépatite C.
La dernière enquête de prévalence de l’hépatite C en France en 2004, a estimé la prévalence des anticorps contre le virus de l’hépatite C chez les adultes âgés de 18 à 80 ans à 0,84% correspondant à 367 055 adultes de 18-80 ans porteurs d’anti-VHC. Parmi les adultes porteurs, 43 % ignoraient leur séropositivité vis-à-vis du virus C.
Le taux de prévalence de porteurs des anticorps HVC en France est variable selon les régions (Figure n°2).
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