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Virus de l’hépatite C

Ce n'est qu'en 1989 que le virus responsable des hépatites non A non B est découvert : le virus de l’hépatite C.

Par le Dr Didier Mennecier

Au début des années 1970, les virus de l’hépatite A et de l’hépatite B sont identifiés, mais la moitié des hépatites virales restent sans étiologie, d’où la notion d’hépatites virales baptisées « non A non B ». Ce n’est qu’en 1989 que le virus responsable de la plupart de ces hépatites « non A non B » est découvert : Il est appelé virus de l’hépatite C.

Ce qui est paradoxal, c’est que le virus de l’hépatite C est un agent infectieux dont le génome et les protéines sont très bien connus, mais dont la particule virale est très difficile à visualiser avec certitude.
En effet, le virus C a été identifié initialement de manière indirecte, par une technique de biologie moléculaire, sans avoir été isolé préalablement comme particule virale.

Par la suite le virus de l’hépatite C a été observé en microscopie électronique, mais il est en quantité faible dans le sérum des patients infectés et il est souvent entouré de lipoprotéines, rendant son observation en microscopie électronique difficile.

Il est de taille très petite, son diamètre est de l’ordre de 60 nanomètres. Il est fait parti de la famille des Flaviviridae (Figure n°1).

Figure n°1: visualisation en microscopie électronique.
La ligne blanche en trait plein représente 100 nm.
D’après Kaïto, et al. J Gen Virol 1994;75:1755-60
.

Le virus de l’hépatite C est composé de 3 parties :

Une enveloppe sur laquelle existe 2 types de glycoprotéines, E1 et E2, qui permet au virus de se fixer sur la cellule du foie (hépatocyte) avant d’y pénétrer.

Une coque constituée de protéines constituant une capside protéique, permettant de protéger le virus de l’extérieur.

Une molécule d’acide ribonucléique qui est une molécule que l’on retrouve dans la plupart des cellules vivantes (ARN). Cet ARN est très important car il constitue le génome du virus et doit donc se transmettre en totalité ou en partie lors de la reproduction du virus. Le virus de l’hépatite C est donc différent de celui de l’hépatite B dont le génome est composé d’ADN (acide désoxyribonucléique) et non d’ARN (Figure n°2).

Figure n°2 : Différentes parties du virus de l’hépatite virale C

Comment se déroule la multiplication du Virus de l’hépatite C ?

Le virus de l’hépatite C va se multiplier dans les cellules du foie (hépatocytes) qui vont devenir ainsi les cellules « hôtes ». Pour pénétrer dans ces cellules, le virus va se fixer sur la surface de la cellule grâce aux glycoprotéines de son enveloppe.

Ensuite, il va introduire son ARN viral à l’intérieur de la cellule hôte et utiliser le matériel génétique de celle-ci pour se multiplier.

Plus précisément, l’ARN viral qui est de « polarité positive » est copié pour donner une ARN complémentaire de « polarité négative » qui servira à son tour de matrice pour redonner de nouvelles molécules d’ARN viral.
Après multiplication, les virus quittent la cellule du foie en la détruisant pour aller infecter d’autres cellules. L’infection virale se propage ainsi dans le foie. Le virus C a un niveau élevé de réplication pouvant aller jusqu’à 10 puissance 12 virions produits par jour.

Le virus de l’hépatite C présente plusieurs génotypes

Sur le plan virologique, il est très difficile de cultiver le virus de l’hépatite C et le seul modèle animal est le chimpanzé. Le virus C possède un génome ayant une grande capacité à muter. Cette variabilité génétique se traduit par différents type de virus C avec en tout 6 génotypes majeurs numérotés de 1 à 6 et de plusieurs dizaines de sous-types (sérotypes) désignés par les lettres a, b, c…

Ces génotypes n’entraînent pas de différences dans l’évolution de l’hépatite virale. En revanche, ils interviennent dans la réponse aux traitements. Les génotypes 2 et 3 répondent mieux que les 1 et 4, on parle respectivement de « bons » et de « mauvais » répondeurs.

Figure n°3 : Répartition géographique des génotypes du virus de l’hépatite C dans le monde.

Des différences géographiques sont observées au niveau de la répartition des génotypes du virus de l’hépatite C. Le brassage de ses différents génotypes est dû à l’essor des voyages et des communications ainsi qu’au développement de la toxicomanie, des transfusions sanguines et du commerce des produits sanguins (Figure n°4).

En Europe de l’Ouest, les génotypes les plus fréquemment rencontrés sont les 1b, 3a, 1a, 2a/2c. Le génotype 1b a tendance à être plus fréquent en Europe du Sud. En France, le génotype 1b est le plus répandu (41 %) suivi du génotype 3a (22 %), du génotype 1a (16 %), du génotype 2a/2c (11 %). Les génotypes 4 (4 %) et les génotypes 5 ou 6 (1 %) sont plus rares. Le génotype 1b est plus fréquent chez les femmes de plus de 50 ans et chez les malades ayant un antécédent de transfusion sanguine. Le génotype 3a est plus retrouvé chez les malades ayant un antécédent de toxicomanie.

En Amérique du Nord, les génotypes les plus fréquents sont les 1a et 1b et en Amérique du Sud sont les 1a, 1b et 3a.

Au Japon et en Chine, le génotype 1b représente respectivement 67 % à 75 % des infections VHC. Cette prévalence peut aller jusqu’à 90 % dans le sud de la Chine, alors que le sous-type 2a est très fréquent dans le nord de la Chine. En Asie du Sud-Est (Vietnam, Thaïlande, Indonésie), les génotypes les plus fréquemment observés sont 1a, 1b, 3a, et 3b.

En Afrique, le génotype 4 est fréquemment observé en Afrique de l’Est (Égypte), alors que de nouveaux sous-types 1 ou 2 ont été décrits en Afrique de l’Ouest. En Afrique du Sud, le génotype 5 est le plus souvent observé.

En France, la répartition des génotypes est fonction des populations étudiées. Le génotype 1b prédomine chez les transfusés et le génotype 3a chez les toxicomanes.
Le sous-type 1b est majoritaire chez les patients contaminés par transfusion. La diminution de la contamination transfusionnelle et l’augmentation de la contamination par toxicomanie intraveineuse a entraîné une modification des génotypes avec une diminution du génotype 1b (autochtone) et une augmentation du génotype 3a (importé).


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